UN PROJET POUR GAGNER

Au premier tour de l'élection présidentielle, malgré la progression des Verts, la gauche a subi une sévère défaite. Mais la droite parlementaire a été aussi lourdement sanctionnée. La stupeur passée, la riposte s'est organisée, dans la rue le 1er mai, puis dans les urnes le 5 mai, pour chasser Le Pen. Les Verts ont immédiatement pris des positions claires et unitaires. Nous avons appelé à voter, comme moindre mal, contre le parti de la haine et du racisme mais cela ne redonne pas à Chirac et à la droite leur légitimité perdue.

La crise est sociale, écologique, morale et politique. Tout ce qui a fait la prospérité de la société pendant les trente années d'après guerre ne fonctionne plus : le chômage reste un phénomène de masse ; le travail ne garantit plus automatiquement la sécurité matérielle à cause de la précarité, du temps partiel imposé, des salaires trop bas. La pollution de l'air, de l'eau, les craintes liées aux crises alimentaires, le bruit, l'urbanisme bâclé et la pauvreté rendent notre environnement hostile et dégradent notre qualité de vie quotidienne. Notre santé est menacée. Les inégalités persistent. L'idée même du progrès est mise en cause. Le pouvoir s'est éloigné, dans les états-majors des multinationales, à Bruxelles, dans les conférences internationales qui accompagnent la mondialisation. L'État semble incapable de garantir la cohésion sociale.

Le gouvernement de la majorité plurielle a fait de bonnes choses. Le chômage a reculé, le pouvoir d'achat d'une partie de la population a recommencé à croître après une longue stagnation, la couverture maladie universelle a ouvert l'accès aux soins des plus démunis, les 35 heures, quand elles ont été bien négociées, ont permis de créer de l'emploi et souvent de mieux vivre. La loi sur la parité est un progrès. Mais l'élan des deux premières années s'est épuisé dans les méandres de la technocratie, dans le fonctionnement archaïque de l'État. La voix des citoyens a été couverte par celle des lobbies, qui ont l'habitude d'imposer leurs vues dans les coulisses du pouvoir. L'insuffisance du dialogue au sein de la gauche et avec la société a conduit à l'isolement.

Cette crise dure depuis plus de vingt ans dans toute l'Europe, et la tentation est forte de se replier sur des idées anciennes, la haine de l'autre et le racisme, le nationalisme, l'idéologie sécuritaire. Les projets de Chirac et de la droite se sont encore durcis depuis 1995 : démantèlement des services publics, réduction des impôts pour les plus riches et de la solidarité nationale pour les autres, mise en cause des retraites et de la sécu.

Face à ces dangers, la gauche doit s'unir et se renouveler. Son rôle n'est pas d'accompagner les choses telles qu'elles sont, en étalant dans le temps les conséquences négatives du libéralisme.

Les Verts proposent d'expérimenter des voies nouvelles, de prendre en compte d'un même regard la situation de toute la planète, d'améliorer la qualité de la vie au quotidien pour lutter contre les inégalités sociales, de mettre fin à la coupure entre ceux qui décident et ceux qui subissent par une profonde réforme démocratique.

Les Verts ne se contentent pas de proposer des idées nouvelles. Ils se battent pour donner plus de place aux associations, aux syndicats, aux groupes de développement local et aux innovateurs, pour faire bouger la société vers un monde plus juste et plus humain. Ils sont prêts à prendre leurs responsabilités dans un gouvernement de gauche, à l'écoute de ses composantes et de la société, en s'appuyant sur un solide contrat de législature. Ils veulent jouer un rôle important dans la reconstruction d'une gauche écologique et sociale.

Parce que seule une gauche renouvelée, écologique et sociale peut gagner contre la droite et ses projets, nous vous présentons ici nos idées et nous vous appelons à voter pour les candidats Verts à l'élection législative le 9 et le 16 juin prochain.